Rapport rwandais : vraiment pas sérieux
La lettre figure en page 295 du rapport de la « Commission nationale indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l’implication de l’Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 ». Datée du 2 juin 1998, elle porte l’en-tête du commandement des opération spéciales du ministère de la Défense et la signature d’un certain colonel Gilles Bonsang, chef du 7e Rima, par ordre du Général Yves Germanos, « chef d’Etat Major des Forces spéciales ». Elle est adressée à trois personnes dont Léon « Habiarimana » (le nom s’écrit en réalité Habyarimana), le fils de l’ancien président rwandais que Paul Kagamé est soupçonné d’avoir fait tuer au cours d’un attentat visant l’avion à bord duquel il voyageait.
Que dit cette lettre ? Que, quatre ans après le génocide, l’armée française a décidé de renverser le dirigeant rwandais Paul Kagamé. Pour cela, elle annonce avoir débloqué 23 millions de francs pour financer l’Armée de libération du Rwanda, les ex-Forces armées rwandaises et les Interahamwe (milice rwandaise particulièrement active pendant le génocide) et prévu 57 lance-roquettes.
Pour Kigali, c’est bien entendu une preuve supplémentaire de l’implication de la France dans le génocide rwandais.
Le problème, c’est que ce document est truffé d’erreurs. Ainsi, non seulement le général Germanos se prénomme Raymond, et non « Yves », mais en plus, à cette date, il n’est pas du tout « chef d’Etat Major des Forces spéciales » mais chef du cabinet militaire du ministre de la défense.
Quant au 7e Rima, il n’existait plus, et Gilles Bonsang ne l’a jamais commandé.
Cela fait beaucoup de fautes pour un document d’une telle importance ! Mardi 12 Août 2008 – 13:38
Bénédicte Charles
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