Résumé de l’histoire des conflits dans la région des grands lacs
Au Rwanda comme au Burundi, les Hutu proclamèrent qu’il fallait renverser la « société féodale » dominée pat les seigneurs Tutsi et, de 1959 à 1962, date de l’indépendance, les Tutsi du Rwanda furent victimes d’exactions de la révolution Hutu ; nombre d’entre eux durent s’enfuir au Congo ex Belge, au Burundi ou, surtout, en Ouganda, pays qui venait lui aussi d’accéder à l’indépendance. Mais cette colonie britannique qui était jusqu’alors « modèle » se trouva entraînée à son tour dans de très violentes luttes internes qui durèrent plus de vingt ans. Un mouvement de guérilla dirigé par Yoweri Musevini finit par l’emporter en 1986, notamment avec l’aide des réfugiés Tutsi du Rwanda, dont les fils acquirent une grande efficacité guerrière ( dont Paul Kagamé actuel président du Rwanda).
La trégédie de 1994 :
Avec l’aide des nouveaux maîtres de l’Ouganda,qui cherchaient d’ailleurs à se débarrasser d’eux, ces réfugiés mercenaires tutsi constituèrent en 1990 une Armée patriotique rwandaise (APR, devenue plus tard FPR) afin de rentrer au Rwanda et d’y reprendre le pouvoir. Ils furent d’abord repoussés à plusieurs reprises par l’armée rwandaise (FAR) du gouvernement hutu, grâce à des contingents français envoyés au Rwanda au titre des accords de coopération. Les conseils du gouvernement français et les pressions internationales incitèrent le gouvernement rwandais à chercher une solution négociée, en s’appuyant sur des Hutu « modérés » et des Tutsi restés au Rwanda. Cependant, malgré les efforts, les dissensions entre Tutsi et Hutu n’avaient fait que croître. Au Burundi, en octobre 1993, le premier président hutu qui venait d’être élu était assassiné au cours d’un putsch militaire tutsi, ce qui entraîna également dans ce pays de nombreux massacres entre les deux communautés.
Néanmoins, en 1993 les Présidents du Rwanda et du Burundi acceptèrent, malgré l’opposition de leurs ultras, de signer à Arusha en Tanzanie, des accords organisant une solution négociée entre les protagonistes tutsi et hutu dans chacun des deux Etats. Dans ce contexte, la France retira ses troupes du Rwanda à la fin de l’année1993.
Tout fut remis en cause après que l’avion transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana eut été abattu le 6 avril 1994 par un missile tiré au dessus de l’aérodrome de Kigali, la capitale du Rwanda. Aussitôt, les extrémistes hutus se lancèrent dans l’extermination des Tutsi et des Hutu modérés partisans des accords d’Arusha. L’événement coïncida, hélas, avec le départ des militaires français, belges et onusiens. (1)
Aussi, les forces tutsi de l’Armée patriotique rwandaise venues d’Ouganda purent elles prendre Kigali et mettre en déroute les Hutu des forces armées du Rwanda. En mesurant l’ampleur des massacres commis par les extrémistes hutus, l’opinion internationale s’émut et le Conseil de sécurité de l’ONU autorisa l’envoi d’un contingent français afin d’organiser un périmètre de sécurité dans le sud ouest du pays. (2)
Complément d’information de l’Association Turquoise :
(1) : La décision du conseil de sécurité de l’ONU de retirer, dés le début des massacres, les militaires qui avaient été mis en place pour faciliter la mise en œuvre des accords reste inexplicable.
(2) : En fait, agissant sur mandat du conseil de sécurité limitant son intervention à deux mois, l’opération multinationale Turquoise permit de mettre fin aux derniers massacres, d’assurer la protection de deux millions de réfugiés à l’intérieur d’une zone de sécurité (ZHS) et d’éviter la fuite de ces populations au Zaïre. En revanche, la majorité des Forces armées rwandaises (hutu) et un flot important de réfugiés, fuyant l’avance des tutsi de l’Armée patriotique Rwandaise et contournant la ZHS par le nord, passa au Zaïre dans la région de Goma.Vainqueurs, les Tutsi du Front patriotique rwandais s’installèrent au pouvoir à Kigali sous l’autorité de leur chef, le Général Paul Kagamé.
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