Résumé de l’histoire des conflits dans la région des grands lacs

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Au Rwanda comme au Burundi, les Hutu proclamèrent qu’il fallait renverser la « société féodale » dominée pat les seigneurs Tutsi et, de 1959 à 1962, date de l’indépendance, les Tutsi du Rwanda furent victimes d’exactions de la révolution Hutu ; nombre d’entre eux durent s’enfuir au Congo ex Belge, au Burundi ou, surtout, en Ouganda, pays qui venait lui aussi d’accéder à l’indépendance. Mais cette colonie britannique qui était jusqu’alors « modèle » se trouva entraînée à son tour dans de très violentes luttes internes qui durèrent plus de vingt ans. Un mouvement de guérilla dirigé par Yoweri Musevini finit par l’emporter en 1986, notamment avec l’aide des réfugiés Tutsi du Rwanda, dont les fils acquirent une grande efficacité guerrière ( dont Paul Kagamé actuel président du Rwanda).

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Questions-réponses sur l’opération Turquoise

1)    Pourquoi la France a-t-elle lancé l’Opération Turquoise ?

Le 6 avril 94, l’assassinat du Président du Rwanda déclenche la guerre civile dans ce pays. Des unités de la garde présidentielle et des milices hutus massacrent les populations tutsis, mais aussi les hutus modérés, c’est un véritable génocide.

L’essentiel de la force de l’ONU (MINUAR 1) s’étant inexplicablement retirée, près de 800000 personnes sont tuées, sans que la communauté internationale intervienne.  Devant l’étendue des massacres qui se perpétuent, et l’absence de réactions concrètes des grandes puissances, la France insiste auprès des Nations Unies pour qu’une intervention ait lieu. Le 23 Juin, elle est mandatée par l’ONU pour conduire une force plurinationale d’interposition afin d’arrêter les massacres et protéger les populations de manière impartiale : c’est l’Opération Turquoise. La mission est limitée à deux mois à la demande de la France, ce délai étant nécessaire à la mise sur pied d’une nouvelle force de l’ONU  la MINUAR 2.

 

2)    Comment s’est déroulée l’Opération ?

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Opération Turquoise

 

 

 

Dans une situation particulièrement complexe, le général commandant en chef, comme le simple exécutant, doivent faire à chaque instant des choix douloureux entre le souhaitable et le possible.

 

Pour terminer, le général Lafourcade pose les questions lancinantes qui restent sans réponse :

 

Pourquoi les français étaient ils seuls pour mettre fin à un génocide ?

 

Comment peut-on aujourd'hui accuser les militaires de Turquoise d'avoir participé à ce génocide alors que toutes les opérations se sont passées sous l'œil de très nombreux journalistes internationaux et en présence d'une centaine d'ONG qui ont reconnu à l’époque l’aspect positif de l’opération?

 

Que penser du silence actuel des plus hautes autorités de l'état français ?

 

Par son témoignage, le général Lafourcade ne veut pas que le moindre doute s’inscrive dans l’histoire.

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Editions Perrin, 216 pages, 18€

 

 Le général Lafourcade parle de son livre et répond aux questions de CF.

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L' AFP vérifie-t'elle ses sources ?

Communiqué du général Lafourcade 12 avril 2010

 

Le général Jean-Claude Lafourcade, qui a commandé l'Opération Turquoise dépêchée au Rwanda en 1994 afin d‘arrêter les massacres dans ce pays où se perpétrait un génocide, s'élève en faux contre les récentes déclarations de l’adjudant-chef Prungnaud, reprises par l’AFP, concernant le rôle que celui-ci aurait joué en désobéissant aux ordres, dans la découverte des massacres de Tutsis à Bisesero le 30 juin 1994.

 

Si l'adjudant-chef Prungnaud figurait bien au sein du groupe de commandos marine qui a effectué la première reconnaissance dans cette région, c'est en réalité, comme l’a toujours affirmé le capitaine de corvette Marin Gillier chef du commando, un autre membre de cette unité qui, dans le cadre de sa mission, a découvert l’ampleur du drame trois jours plus tard et alerté le commandement. En aucun cas et à aucun moment, l’adjudant chef Prungnaud n’a pu agir en désobéissant aux ordres.

 

Pour accréditer ses dires, l’adjudant-chef Prungnaud prétend aussi que ses officiers l’auraient informé que les Hutu étaient victime des Tutsi. En annexe du livre du général Lafourcade, Opération Turquoise (aux éditions Perrin), on trouvera le premier ordre d’opération signé de ce dernier qui signale clairement qu’il s’agit d’« un génocide perpétré par certaines unités rwandaises et par des miliciens hutus à l'encontre de la minorité tutsi ».

 

Le Général réfute ces nouvelles mises en cause dont sont l'objet les militaires français : « Beaucoup de nos hommes sont rentrés traumatisés par ce qu'ils ont vu au Rwanda. On le serait à moins, mais cela ne justifie en aucuns cas de la part de M.Prungnaud de fausses versions des faits », a souligné le général Lafourcade.

Des officiers de France Turquoise à l’honneur

Sont élevés au grade d’officier de la Légion d’Honneur les colonels (cr) : Jacques Hogard ancien chef du Groupement Sud Turquoise (Cyangugu), Jean-Jacques Maurin ex-chef adjoint des opérations au Rwanda auprès de l’attaché de défense, Michel Robardey ancien conseiller technique pour la gendarmerie nationale rwandaise (criminologie) et Etienne Joubert chef du DAMI Panda (1992-1993), puis chef des opérations Turquoise Gikongoro.
Sont promus commandeurs dans l’Ordre National du Mérite les colonels (cr) : Cussac, Galinié et de Saint Quentin.

 

Le président de l’association France Turquoise félicite vivement les officiers promus pour cette distinction dont ils peuvent éprouver une légitime fierté.
La République leur rend hommage pour les éminents services rendus à la France, en particulier au Rwanda, répondant ainsi clairement aux inacceptables mises en cause portées contre eux pour leur action dans ce pays.

Général Lafourcade

Comment un film de fiction instrumentalise l’histoire

« Opération Turquoise » est un film bien fait et bien joué. Reflétant correctement l’ambiance et l’environnement de cette opération, il « colle à la réalité ». La chronologie, les événements, les lieux, sont très proches du déroulement de l’opération et les personnages principaux, officiers des Forces Spéciales notamment, sont aisément identifiables.

Mais si le film montre avec réalisme un aspect limité de l’opération, il donne une présentation fausse et tendancieuse de l’attitude et de l’action des militaires français. Ces derniers apparaissent hésitants, remplis de doutes et peu convaincus du bien fondé de leur engagement. Au motif de liens antérieurs établis, ils affichent un manque d’objectivité dans l’exécution de cette mission présentée comme ambiguë et imprécise. Certains événements réels, tels que ceux qui se sont passés à Bisesero et à Butaré, sont modifiés en appui de la thèse générale du film qui se dégage au fur et à mesure de sa projection : les soldats de l’opération Turquoise n’ont pas tout fait pour arrêter les massacres car ils étaient complaisants avec les génocidaires. On suggère ainsi qu’ils ont peut être été complices du génocide.

 La réalité est toute autre et je tiens à réaffirmer des vérités incontestées en 1994 à l’issue de l’opération : la force Turquoise, qui agissait avec un mandat très clair de l’ONU, a arrêté les massacres  en pénétrant dans le Sud Ouest du Rwanda dés le 20 juin 1994 et sauvé des milliers de vies, ce qui n’apparaît nullement dans le film. Puis elle a désarmé les miliciens et les Forces armées rwandaises (FAR) qui se trouvaient dans la zone de sécurité créée (ZHS). Outre un soutien humanitaire important, elle a surtout permis de fixer dans le Sud Ouest du Rwanda trois millions de réfugiés qui fuyaient au Zaïre devant l’avance du Front Patriotique Rwandais (FPR) du général Kagamé risquant de provoquer une nouvelle catastrophe politique et humanitaire.

Je récuse l’insinuation, faîte dans le film, selon laquelle l’armée française aurait protégé les génocidaires dans la zone de sécurité et aurait facilité le passage des FAR vers le Zaïre sans les désarmer. Les principaux responsables du génocide avaient déjà quitté le Rwanda à notre arrivée et le gros des FAR, sachant qu’il serait désarmé dans la zone de sécurité, est passé au Nord de cette zone pour refluer vers Goma au Zaïre. J’ajoute que si le FPR avait à l’époque accepté le cessez le feu proposé par l’ONU et par les FAR, il y aurait eu moins de victimes et le Rwanda n’aurait sans doute pas eu de prétexte pour envahir la République Démocratique du Congo (RDC) en 1996 avec pour conséquences plusieurs millions de morts. Il est également vraisemblable que les affrontements et les massacres qui se produisent aujourd’hui dans l’Est de la RDC n’auraient pas lieu.

L’action positive de l’Opération Turquoise qui s’est déroulée sous le regard permanent de très nombreux observateurs français et étrangers, a été saluée en 1994 dans le monde entier. Les Nations Unies ont alors demandé à la France de prolonger son mandat. Alors pourquoi cette présentation partiale des faits ?

 Alors qu’une action judiciaire est en cours d’instruction à l’encontre de militaires de l’opération Turquoise, suite à des plaintes pour « complicité de génocide et crimes contre l’humanité » (sic), on peut penser que la thèse développée dans le film montrant l’action ambiguë des soldats français pourrait venir conforter ces accusations. Cela n’est pas sans conséquences, et je m’interroge sur l’alibi médiatique et juridique que procure le seul fait d’appeler « fiction » une réalisation qui instrumentalise l’histoire. Car est il légitime, sous couvert de fiction, de modifier impunément la réalité de faits concernant un drame historique bien réel ?

La réalisation de ce film au Rwanda, avec la bienveillance d’autorités qui ont rompu les relations diplomatiques avec la France parce que mécontentes d’une Ordonnance de la Justice Française les mettant en cause, laisse planer de sévères doutes  sur l’objectivité de ce film et sur ses objectifs.

Les militaires qui ont rempli au Rwanda une mission particulièrement difficile ne peuvent admettre que, au prétexte d’une fiction, leur personnalité soit ainsi représentée et leur action gravement mise en cause.

Général (2S) Jean Claude Lafourcade

La route piégée du Rwanda

D’emblée, Canal Plus donne le ton de son « grand film politique » diffusé ce lundi 19 novembre à 20 h 50 : « Le scénario s’inspire de faits réels. Les personnages sont de la fiction. »

Les faits réels portent sur un court épisode de la tragédie rwandaise de 1994 (le génocide qui fit 800 000 morts dans la communauté tutsie). Dans Opération Turquoise, le réalisateur Alain Tasma a voulu décrire les dix premiers jours de l’intervention humanitaire française, déclenchée en juin 1994 pour créer une zone sûre dans l’ouest du pays. L’objectif fixé par Paris était d’arrêter les massacres à l’encontre des Tutsis et d’éviter des représailles de masse contre les Hutus responsables du génocide.

Les « personnages de fiction » sont directement inspirés des soldats des Forces spéciales qui se déployèrent en précurseurs de « Turquoise ». Ils « ouvrirent la porte », découvrant les premiers l’horreur du génocide. Les noms propres ont été changés mais le nom des unités a été conservé. Clairement identifiés sous leur béret rouge ou vert, les personnages principaux sont parfaitement reconnaissables.

Leurs modèles se découvriront à l’écran comme des professionnels inquiets ou psychorigides, hésitants sur leur mission, d’une pénible impuissance et, pour certains, implicitement complices des génocidaires hutus. Ces profils sont caricaturaux. Ils ne ressemblent en rien aux officiers et aux soldats des Forces spéciales auprès de qui je fis une série de reportages en juillet 1994, sur les pistes de l’ouest du Rwanda, entre Gisenyi et Cyangugu.

 

La documentation réunie par les auteurs du film est impressionnante. Ils ont beaucoup lu et rencontré de nombreux protagonistes. Le scénario est riche, l’ambiance et le contexte de l’époque sont bien restitués. Les acteurs français sont plutôt crédibles, même si certains officiers abusent de la mâchoire crispée et de la nuque raide, image convenue et fausse, collée aux troupes d’élite.

Les acteurs rwandais sont saisissants de vérité et d’émotion. Lors du tournage au Rwanda, beaucoup ont revécu des scènes réelles qu’ils avaient endurées en 1994. Certaines séquences éclairent mieux que de longues explications l’effroyable mécanisme du génocide. Chaque communauté a peur de l’autre. Chacun subit la propagande de haine de son camp. « On les tue pour qu’ils ne nous tuent pas », murmure un massacreur, aussi sanguinaire qu’affolé.

Au fil des minutes pourtant, le malaise s’installe. « Nous n’avons pas voulu imposer au spectateur une quelconque vérité, rassurent les auteurs, Alain Tasma et Gilles Taurand. Nous avons scrupuleusement veillé à éviter toute caricature et toute forme de manichéisme, quitte à rendre parfois difficile la lecture des enjeux. » C’est le moins qu’on puisse dire. Tout concourt finalement à dessiner une image peu reluisante de « Turquoise » : le montage, les dialogues, les ellipses, les silences lourds de sous-entendus. La période choisie est trop courte pour pouvoir rester fidèle à la réalité. « Turquoise » dura deux mois, on n’en voit que dix jours. Le film donne de cette opération une image partielle, limitée et inexacte, regrette le général Jean-Claude Lafourcade, qui commanda “Turquoise”. Le film ne montre pas que l’armée française a arrêté les massacres, protégé les populations et sauvé des vies.

Des faits habilement présentés instruisent le dossier à charge, révélant l’une des sources principales des scénaristes : le livre procès du journaliste Patrick de Saint-Exupéry, accusateur de l’armée française, sans pour autant apporter les preuves de son réquisitoire. « J’ai vu le réel s’entremêler aux éléments de fiction jusqu’à s’y fondre, raconte Saint-Exupéry. J’ai moi-même parfois été pris au piège. »

Ce retour au Rwanda semble en effet piégé. Par petites touches habiles, le film accrédite la partialité des soldats français, leur connivence avec les génocidaires, leur lâcheté devant l’horreur. Premier exemple : Bisesero, une épouvantable zone de massacres. « Retenez bien ce nom », insiste le script. Le film laisse croire que les français passèrent leur chemin pour ne revenir que deux jours plus tard. Trop tard. C’est faux : une vaste opération fut aussitôt déclenchée pour protéger la zone.

La séquence montre des Tutsis apeurés autour desquels rodent les tueurs armés de machettes. L’un d’eux s’adresse à un adjudant français : « Vous nous condamnez à mort. Vous ne valez pas plus qu’eux. » La scène est poignante. Mais lorsque l’adjudant baisse la tête sans rien dire, c’est toute l’armée française qui semble accepter ainsi l’accusation de « complicité de génocide ».

Second exemple : Butare. Les commandos français évacuèrent des dizaines d’enfants hutus menacés. Le film montre l’interception et la fouille du convoi par des soldats tutsis. Un Rwandais est abattu sous les yeux effarés des officiers français, impuissants. C’est tout simplement faux. « Le convoi fut effectivement attaqué mais il passa en force au prix d’une fusillade intense, corrige le général Lafourcade. Aucun Rwandais ne fut tué sous les yeux des soldats français de Turquoise. »

« Ce n’est pas un film à thèse, se défend Fabrice de La Patellière, directeur de la fiction française sur Canal Plus. Nous avons voulu traiter les zones d’ombre de cette opération étrange et tirer les conséquences de ce que nous savons. » Mais quelles zones d’ombre, quelles conséquences, si ce n’est d’instiller dans le téléspectateur le poison du doute : et si l’armée française avait été complice du génocide rwandais ?

Se voulant « au plus près de la réalité » mais évidemment incapable de traiter la complexité rwandaise en 110 minutes, cette Opération Turquoise néglige des informations indispensables pour comprendre la complexité des faits, pour éclairer honnêtement l’attitude de cette poignée de soldats français jetés sur ces pistes perdues, dans l’urgence, parant au plus pressé dans ce maelström de violences, sous l’œil froid des Nations unies et le regard permanent des journalistes accourus du monde entier.

Lorsqu’un militaire français avoue sa détresse et sa colère légitime – « Dans quel merdier les politiques nous ont mis ! » –, rien ne vient préciser que la communauté internationale se révéla d’une lâcheté absolue, qu’elle ferma les yeux sur les premières atrocités commises à Kigali. Ses casques bleus, commandés il est vrai par un général canadien incapable, plièrent bagage, laissant la France bien seule dans cette opération Turquoise. Trop peu nombreux, mal équipés, mal renseignés, sans mandat vraiment clair, les militaires français réussirent tout de même à sauver, soigner et sécuriser une partie du pays pendant deux mois (juin-août 1994).

Au nom de l’association France-Turquoise, le général Lafourcade a demandé à Canal Plus un avertissement indiquant que « cette œuvre ne reflète pas l’exacte réalité de “Turquoise” ». Cette semaine, il attendait encore l’accord de la chaîne.

Le film n’oublie pas d’adresser ses remerciements au général président rwandais Paul Kagamé et à son chef d’état-major, James Kabarebe. Ce dignitaire tutsi est fortement suspecté de crimes de guerre au Rwanda et au Congo.

Film « Opération Turquoise »

Comment un film de fiction instrumentalise l’histoire.

 

A la suite de de la diffusion sur l’antenne de Canal+ du film "Opération Turquoise" l’association France Turquoise communique :

« Oeuvre de pure fiction, ce téléfilm ne reflète pas la réalité de l’opération humanitaire Turquoise, menée à l’initiative de la France du 22 juin au 22 août 1994 au Rwanda. Il comporte de graves inexactitudes sur l’attitude de l’armée française face au génocide rwandais. Le commandement de l’opération Turquoise s’élève contre cette présentation inexacte et met en garde le public contre toute interprétation qui pourrait en être tirée. »

Rwanda : témoignage du Commandant de l’opération Turquoise

Rappelons brièvement les faits :

Dans les jours suivant l’assassinat du Président rwandais(d’origine Hutu), l’essentiel de la force de l’ONU (MINUAR) s’étant retirée, près de 800000 personnes, en majorité des Tutsis, sont massacrées par les Hutus sans que la communauté internationale intervienne. Fin juin, sur proposition de la France l’ONU décide l’envoi d’une force internationale pour mettre fin aux massacres, sans prendre part au conflit entre les armées hutu et tutsi : c’est l’Opération Turquoise. L’action est suivie sur le terrain, souvent avec suspicion, par de très nombreux observateurs français et étrangers (medias, ONG etc.…). Il est trop tard pour empêcher le génocide, mais Turquoise permet d’y mettre fin en sauvant des milliers de vies. Elle fixe sur le territoire une grande partie de la population, fuyant vers le Zaïre, face à l’armée du FPR (Tutsis de l’extérieur) commandée par le Général Kagamé. Celui-ci met en déroute l’armée du régime en place et provoque la fuite des populations à l’extérieur du pays, qui a pour conséquence le déclenchement d’une grave épidémie de choléra. Le bilan de Turquoise est alors largement salué à l’ONU et dans les medias du monde entier.

 

En 1997 la Mission d’Information Parlementaire Française présidée par M. Paul Quilès, réalise sur le sujet un travail approfondi et digne d’une grande démocratie, qui répond aux accusations qui se font jour contre l’action de notre pays et de son armée au Rwanda.

 

Dix ans après ces évènements, des plaintes, étonnamment tardives et actuellement en cours d’instruction, sont déposées contre l’action des soldats français au Rwanda qui se seraient rendus « complices du génocide ».

Or, j’affirme qu’il n’y a eu aucune ambiguïté dans les instructions reçues, données, et dans la façon dont celles-ci ont été exécutées. Dire que l’armée française a agi en « complice du génocide » est faux, diffamatoire et inacceptable.

C’est pourquoi j’ai créé l’Association France-Turquoise, dont l’objet est de défendre les militaires injustement attaqués et de contribuer à l’établissement de la vérité sur ce drame.

Dés 1994, je m’étais posé des questions sur la stratégie du Général Kagamé : Intervention inexplicablement tardive de son armée, refus de tout cessez-le-feu …etc.

Face à l’impossibilité de prendre le pouvoir par la voie démocratique initiée par les accords d’Arusha auxquels avait contribué la France, la solution n’était-elle pas une conquête militaire par la force quelqu’en soit le prix ?

Peut être pour éviter une mise en cause devant la communauté internationale, le régime de Kigali a préventivement contre attaqué : outre les violentes critiques et les plaintes mentionnées, en créant une commission d’enquête interne destinée à « montrer l’implication de la France dans le génocide »…

Jouant sur l’émotion que suscitent de telles horreurs, et s’appuyant efficacement sur des relais d’opinion bien organisés, le Président Kagamé fait tout pour attiser la culpabilité de l’opinion et accuser la France.

Or, je constate que les mêmes qui condamnent l’inaction de la communauté internationale dans ce drame fustigent l’action de la France, qui a eu seule le courage d’intervenir. Les mêmes qui déplorent l’inaction de la Justice internationale récusent l’action de la Justice française parce qu’elle n’a pas conclu dans le sens souhaité par ceux qui voulaient l’empêcher d’enquêter sur les origines de l’attentat.

Il n’est pas question de nier le génocide rwandais, mais de chercher à faire la lumière sur ses origines. Et s’il s’avère que la réalité est plus complexe qu’on ne le pensait, c’est refuser de la voir que d’accuser de révisionnisme ou de négationnisme ceux qui cherchent à l’éclairer. Car dénoncer les manœuvres de l’équipe au pouvoir à Kigali ne consiste pas à nier le génocide ni à ignorer les responsabilités de l’équipe qui était antérieurement au pouvoir au Rwanda.

L’Association France-Turquoise a reçu l’appui de nombreuses personnalités venant d’horizons politiques variés. Elle agit en concertation avec le Ministère de la Défense. Elle bénéficie du soutien de plusieurs parlementaires français (*).

S’agissant de la défense de notre pays cette action dépasse la mission d’une association. Il est donc essentiel que les parlementaires soient informés de ce sujet et qu’ils prennent conscience de ses enjeux.

 

 

Général (2S) Jean Claude Lafourcade

Président de l’association France Turquoise

 

(*) Une délégation de l’association existe au sein de l’Assemblée Nationale à l’initiative de Michel Voisin, député de l’Ain, vice-président de la Commission de défense Nationale.

La France et le drame rwandais

trombinoscope_colloque_senat_1220079h30 : Ouverture du colloque par Paul QUILES, ancien ministre, président de la Mission d’information parlementaire sur le Rwanda.

10h – 12h45  : Quel rôle a joué la France ? Président de séance : Henri WEILL, journaliste, écrivain.

– L’opération Turquoise, attendus, déroulement, bilan, analyse politique et stratégique, Général (2S) Jean-Claude LAFOURCADE, ancien commandant de l’opération Turquoise au Rwanda.

– Témoignage sur l’opération Turquoise, Jacques HOGARD, Commandant du Groupe sud de l’opération Turquoise au Rwanda du 30 juin au 21 août 1994, auteur de « Les larmes de l’honneur ».

– Rwanda 1990 – 1994, la stratégie du désastre, colonel de gendarmerie (er) Michel ROBARDEY, assistant technique « Police judiciaire » au Rwanda de septembre 1990 à septembre 1993.

– L’action de la France au Rwanda de 1990 à 1994 : les limites de l’engagement constructif, Jean-Marie VIANNEY NDAGIJIMANA, ancien ambassadeur et ancien ministre des Affaires étrangères du Rwanda.

– La France et le Rwanda, Xavier de VILLEPIN, sénateur honoraire, ancien président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat.

14h45 – 17h30 : La perception des évènements et les leçons à en tirer. Présidente de séance : Raphaëlle DUFOUR, présidente de l’ONG « Dignité internationale ».

– Pour mieux comprendre… quelques questions impertinentes, Jacques GERARD, membre honoraire du Conseil économique et social.

– La propagande de Kigali relayée par les médias et les ONG, Pierre PEAN , écrivain, enquêteur.

– Médias et politique, Jean GUISNEL, journaliste au Point.

– Quelle justice pour les victimes de la tragédie rwandaise ?, Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des Forces Démocratiques Unifiées (opposition rwandaise).

Témoignage d’un humanitaire, professeur Marc GENTILINI, professeur émérite des maladies infectieuses et tropicales, ancien président de la Croix Rouge française.

– Le génocide, entre identité contemporaine de la guerre et choix politique, Lionel POURTAU, sociologue, chercheur à l’Université de Paris V.

 17h30 : Conclusion par le Général  (2S) Henri PARIS, président de DEMOCRATIES.

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Interview Alain Juppé

Laurent Correau

 

 

Avril 2004. Dixième anniversaire du génocide au Rwanda

Alain Juppé, ministre des affaires étrangères en 1994 au moment de l'opération Turquoise, rappel avec force le caractère humanitaire de cette intervention menée par la France sous mandat de l'ONU.

Dans les critiques actuelles il dénonce un "procès d'intention" et une "falsification". "Je suis fier de ce qui a été fait par la France dans l'opération Turquoise"

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