De KIGALI à PARIS
« La Haine à nos trousses de Kigali à Paris » de Didier TAUZIN
On se souvient du livre du général Tauzin paru en 2011 aux éditions Jacob Duvernet : « Rwanda. Je te demande justice pour la France et ses soldats ! » Le chef de l’opération Chimère y clamait son indignation face aux calomnies et témoignait de l’exemplarité des militaires français engagés au Rwanda.
Cet ouvrage lui a attiré de nombreux témoignages de Rwandais qui ont vécu ce drame.
Il en a tiré un nouveau livre écrit à la première personne du singulier, récit du calvaire d’une famille rwandaise moyenne emportée par la tourmente. Certains ne vont pas tarder à crier au roman, donc à l’invention, donc à l’affabulation.
Il n’en est rien. Le général Tauzin n’a rien inventé et s’est contenté de donner corps aux paroles qu’il a recueillies et qui sonnent terriblement vraies. Tous ceux qui s’intéressent au Rwanda et qui ne connaissent que ce qu’en ont disent les médias ou les spécialistes (parfois autoproclamés) occidentaux liront ce livre avec profit.
Ils découvriront la réalité historique rwandaise et des relations Hutus-Tutsi avant 1990 vue à travers les yeux d’un fonctionnaire hutu marié à une Tutsi. Ils comprendront que, quoi qu’en disent certains, les ethnies existaient bien au Rwanda mais n’avaient pas provoqué une haine inexpiable entre deux communautés, que les rapports étaient beaucoup plus complexes.
Ils vivront, toujours à travers les yeux d’un fonctionnaire hutu, la guerre déclenchée en 1990 par le FPR, la dégradation progressive de la situation, la difficulté à comprendre ce qui se passait jusqu’à l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994, l’incapacité du gouvernement intérimaire et la duplicité du FPR.
Ils accompagneront le fonctionnaire et sa famille dans un exode effroyable au cours duquel, poursuivis par le FPR et ses tueurs, ils iront en trois ans de Kigali à Bangui en traversant, la plupart du temps à pied, le Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) en butte à la faim, à l’épuisement, à l’insalubrité des camps, à l’épouvante des charniers, aux prédateurs de toute sorte.
Ce témoignage désigne clairement le responsable direct des immenses massacres qui ont ensanglanté le Rwanda, qui ont ensuite gagné la République démocratique du Congo pour faire six millions de morts à ce jour et qui durent toujours au Kivu. C’est le FPR.
La « Résolution » du magistrat Fernando Andreu Merelles dont le général Tauzin donne une brève synthèse à la fin de l’ouvrage ne dit pas autre chose en février 2008.
Michel Fruchard
http://www.editions-persee.fr/
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