François Mitterrand, l’armée française, et le Rwanda
Bernard Lugan, dont les convictions politiques inclinent plutôt à droite, ne craint pas de laver François Mitterrand des accusations injustes portées contre lui au regard du soutien apporté au Président Habyarimana et à la gestion de la crise, en coopération avec le Premier ministre de l’époque, Edouard Balladur.
François Mitterrand n’a pas soutenu "inconditionnellement" le régime hutu rwandais, et l’armée française n’a pas à rougir de son action au Rwanda. Contrairement aux idées reçues : la France exerça des pressions constantes sur le président Habyarimana afin de le contraindre à partager le pouvoir avec les opposants hutus et négocier la paix avec les émigrés Tutsis ; les troupes françaises n’ont pas participé aux combats contre les Tutsis et l’aide militaire fut uniquement destinée à éviter un effondrement de l’armée gouvernementale hutu, jamais à lui donner la victoire. Voir dans cette politique une complicité avec les auteurs du génocide relève du fantasme ou de l’intention de nuire.
Ce livre qui fait litière des accusations portées contre la France est le résultat d’une profonde connaissance des réalités rwandaises, d’une longue enquête dans les archives et de nombreux entretiens avec les principaux acteurs militaires français (dont le général Lafourcade et plusieurs Chefs de corps), lesquels ont, pour la première fois, accepté de parler. Si de tels témoignages ont pu être recueillis, c’est que les militaires interrogés ont eu confiance en l’auteur et au sérieux de son entreprise.
Bernard Lugan dénonce également les mensonges et les accusations fallacieuses d’un certain nombre de journaliste, d’intellectuels engagés et d’associations. Dans une ambiance générale de repentance, il fait œuvre utile.
Enfin, faisant preuve de beaucoup d’objectivité, l’auteur n’hésite pas, à la lumière des témoignages et nouveaux documents collectés, à revenir sur certaines de ses opinions exprimées précédemment (on pense à son précédent livre « Rwanda : le génocide, l’église et la démocratie »), ce qui est la marque d’une rare honnêteté.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.