Interviewé par Philippe Conrad sur TV Libertés, le colonel Hogard, acteur majeur de l’opération Turquoise, apporte le point de vue de l’homme de terrain et, de façon très pédagogique, éclaircit les tenants et aboutissants du dossier rwandais. Un témoignage capital.
On le sait, le rapport Duclert, même s’il écarte la complicité de la France dans le génocide rwandais, se montre extrêmement sévère vis-à-vis de la politique française et incrimine en premier lieu les “erreurs” du président François Mitterrand.Dans un communiqué, l’Institut François Mitterrand réplique sans engager de polémique, mais en rétablissant les faits, ce qui constitue un excellent rappel pour ceux qui ont un peu oublié cette affaire compliquée.
La parution du rapport Duclert n’est pas passée inaperçue. Mme Florence Parly, ministre des Armées, a donné son sentiment dans la lettre jointe adressée au général Lafourcade qui a rédigé de son côté le communiqué ci-dessous.
Nous avons signalé en son temps la parution française du remarquable ouvrage de Judi Rever: “Rwanda: l’éloge du sang”. Il n’a eu droit qu’à un silence assourdissant dans la presse française,fidèle à ses traditions de paresse, de parti pris ou d’intéressement. Enfin, Secours de France, dans une interview que lui a accordée l’écrivain canadien pour son bulletin de Pâques, permet de comprendre un peu les raisons de ce mutisme. France Turquoise apprécie et tient à souligner que depuis le début, Secours de France est à la pointe du combat pour défendre l’honneur des soldats français.
Le 14 février 2021, un article de Médiapart titrait: “Rwanda: un document prouve l’ordre de la France de laisser s’enfuir les génocidaires”. Ce document, un télégramme diplomatique provenant des archives de Bruno Delay, le conseiller Afrique du président Mitterrand, aurait été communiqué à l’AFP par François Graner de Survie.Il n’en fallait pas plus pour que la sphère médiatique, toujours avide de scandale, s’agite.Le 17 février, sur RFI, face à François Graner, le colonel Hogard dégonflait la bulle en apportant le témoignage de l’homme de terrain.Vous pourrez suivre cet entretien à partir du lien ci-dessous:
Le colonel Cussac a été un témoin et un acteur essentiel du drame rwandais entre 1991 et 1994. Il était notre ami.
Notre vice-président, le colonel Robardey, a laissé parler son cœur sur son blog de Médiapart.
« Il a tout donné pour nous aider à sortir de l’enfer »
Bernard CUSSAC nous a quittés dans la nuit de la Saint-Sylvestre 2020, après ce qu’il est coutume d’appeler une longue maladie.
Attaché de Défense près l’Ambassade de France à Kigali de 1991 à 1994, il était mon chef. Il est devenu mon ami.
Je n’avais pas l’intention de me livrer à cette exercice rituel très convenu, dithyrambique à souhait, qu’on prononce en guise d’adieu et que peu écoutent en tentant de discerner, entre les défaillances du micro et celles de leurs vieilles oreilles, quelques bribes de la vie du défunt qu’ils connaissent mal.
Mais, j’ai révisé ma position à la réception du mail par lequel un ami rwandais a répondu à l’annonce du décès. Comme Bernard, cet ami avait vécu les trois années de l’irrésistible descente du Rwanda vers l’horreur. Il écrivait : « Merci de m’ informer de cette triste nouvelle et je te demande de bien vouloir présenter mes sincères condoléances à la famille du Colonel Cussac. Nous avons travaillé ensemble au Rwanda pendant les moments difficiles de mon pays. J’ai connu en lui un homme qui a tout donné pour nous aider à sortir de l’enfer, mais Dieu en a décidé autrement. Nous ne l’oublierons jamais. Que son âme repose en paix ( requiescat in pace). » »
Oui, Bernard CUSSAC a tout donné, et au-delà encore !
Il est arrivé à l’été 1991 dans ce pays en guerre depuis une année. Il ne connaissait pas le Rwanda et ses expériences africaines précédentes, au Tchad et au Sénégal, ne lui étaient d’aucune aide dans cette région des Grands Lacs si particulière. Mais il eut la sagesse, en suivant la ligne tracée par son prédécesseur, d’apprendre, d’écouter et surtout d’entendre.
Pendant les deux années (1991-93) passées à ses côtés, j’assistai à ses efforts constants pour éviter l’inévitable. Chacun des ordres donnés marquait la volonté de la France de ramener la paix sans s’impliquer dans le conflit rwando-rwandais : interdiction de dispenser quelque formation que ce soit ou quelque matériel que ce soit aux milices , souci constant de marquer notre réprobation à chaque dérapage, condamnation sans appel des massacres du Bugesera et du laxisme qui les avait accompagnés, etc. etc.
Bernard CUSSAC avait gagné la confiance des tutsi et hutu modérés formant, à partir du printemps 1992, le gouvernement rwandais de cohabitation. En 1993, certains d’entre eux, se sentant menacés, quittaient le pays subrepticement pour se mettre à l’abri. Le ministre de la Justice s’était déjà enfui lorsque, en fin d’après-midi, Bernard, revenant d’une audience chez le Ministre de la Défense, me dit : « Le ministre vient de me dire qu’il partait demain matin ». En disant cela à l’Attaché de défense français, le ministre savait qu’une indiscrétion pourrait lui être très préjudiciable. Mais il avait confiance. Un peu plus tard, le 31 juillet 93, lorsque le premier ministre sortant a souhaité lui aussi se mettre à l’abri, c’est à un officier français qu’il a demandé d’assurer sa sécurité jusqu’à l’aéroport puis jusqu’à l’avion. Lui aussi avait confiance. Aujourd’hui, les rwandais s’en souviennent.
Et encore, ceux qui rendent hommage à Bernard CUSSAC ne savent-ils pas combien il a insisté, méprisant le risque de se rendre importun à Paris, pour que la France n’abandonne pas le Rwanda en décembre 1993, comme l’avait enfin obtenu le FPR lors des accords d’Arusha.
Mais, même sans savoir cela, ils disent « Nous ne l’oublierons jamais. Que son âme repose en paix ( requiescat in pace). »
Dans une chronique prudente où il rend compte du livre de Judi Rever, Rwanda, l’éloge du sang,Pascal Boniface, après avoir reconnu des mérites au régime de Kigali, pose enfin la bonne question: Paul Kagame ne bafouerait-il pas les Droits de l’Homme? Il appelle au débat
Comme il fallait s’y attendre, le livre de Rudi Rever suscite des réactions. Ou plutôt une absence de réaction des médias “mainstream” qui se sont bien gardés d’en rendre compte pour ne pas avoir à se remettre en cause. Ou alors des insultes sur les réseaux asociaux.
Comment expliquer ce silence, alors que cet ouvrage, publié il y a deux ans en anglais a reçu de très nombreux prix en Amérique du Nord et en Asie et a fait l’objet d’articles très élogieux dans des revues prestigieuses telles la New York Review of Books ou The Lancet ? Très simplement par la compromission des médias dominants avec les lobbies des « blancs menteurs » à l’œuvre depuis 25 ans.
Il faut donc saluer le dossier que lui a consacré courageusement le magazine Marianne, fidèle en cela à la mémoire de Pierre Péan, dossier qu’on peut consulter à partir des liens ci-dessous.
Par ailleurs, de nombreuses interviews lui sont consacrées, mais aucune chaîne d’information nationale n’a jugé utile de s’en emparer. En revanche, en surfant sur les webtélés et les blogs, on en trouvera d’excellentes. A titre d’exemple, nous vous proposons l’entretien de Judi par Christine Guèye sur Sputnik TV
Conclusion: la bonne solution, lisez Rwanda,l’éloge du sang.
Malgré les manœuvres dilatoires des “blancs menteurs” habituels et la pétition lancée par Ibuka France, faux nez du régime rwandais dans notre pays, la traduction du livre de Judi Rever In Praise of Blood est annoncée pour le 17 septembre 2020, sous le titre Rwanda, l’éloge du sang, chez Max Milo.
Rappelons que cette journaliste d’investigation canadienne enquête depuis des années, parfois au péril de sa vie, sur le génocide rwandais et qu’elle met à mal avec des arguments solides la version répandue par les “blancs menteurs”.
On comprendra pourquoi Judi Rever gêne beaucoup les relais de Kigali en France en lisant l’article qu’elle a publié en anglais dans “OpenCanada.com”:
Le 9 mars dernier s’est tenu dans l’enceinte du Sénat un colloque consacré à l’Afrique des Grands Lacs.Il faut saluer cet évènement qui a pu avoir lieu malgré les pressions et les calomnies grâce au courage et à la ténacité d’anciens ministres attachés à la vérité et à la liberté d’expression.Dans son bulletin, “Secours de France” en donne un excellent compte rendu.https://www.france-turquoise.com/wp-content/uploads/2020/08/colloque.pdf