Procès pour génocide au Rwanda
L’ONG "Human Rights Watch" est l’une des principales organisations indépendantes au monde qui se consacrent à la protection et à la défense des droits humains. En attirant l’attention internationale sur les situations où les droits humains sont violés, nous donnons une voix aux opprimés et nous exigeons que les oppresseurs répondent de leurs crimes. Nos enquêtes objectives et rigoureuses, ainsi qu’un plaidoyer ciblé et stratégique, nous permettent d’exercer une pression intense qui incite les décideurs à agir et accroissent le prix à payer pour les auteurs d’atteintes aux droits humains.
Depuis 30 ans, Human Rights Watch œuvre avec ténacité pour poser les bases morales et légales de changements profonds et lutte pour apporter plus de justice et de sécurité aux peuples du monde entier.
La puissance de l’horreur au Rwanda
Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch, avril 2009
{….} "Sous couvert d’empêcher un nouveau génocide, le gouvernement (rwandais) fait preuve d’une intolérance prononcée à l’égard des formes les plus élémentaires de dissidence. {…} L’un des outils de la répression a été le recours aux juridictions gacaca -des tribunaux informels fonctionnant sans juges ni avocats de formation -que le gouvernement a créés à l’échelle communautaire pour juger les coupables présumés du génocide. {…} Aujourd’hui, quinze ans après le génocide, des gens continuent à se présenter pour accuser leurs voisins de complicité dans le génocide, suggérant que les juridictions gacaca se sont transformées en un forum pour régler des vengeances personnelles ou pour réduire au silence des voix dissidentes {…}
Le meilleur moyen d’empêcher un nouveau génocide est d’insister pour que Kagamé cesse de manipuler la précédente tragédie."
Article complet sur le site de HRW
LES EXPERTS de l’ONU S’INQUIÈTENT DU FONCTIONNEMENT DES GACACA AU RWANDA
Rapport de la quatre-vingt-quinzième session 2602 et 2603ème séances. (mars 2009)
Les 18 experts du Comité des droits de l’homme, qui examinaient aujourd’hui le troisième rapport périodique du Rwanda, ont vivement questionné le fonctionnement du système Gacaca qui a été établi dans ce pays au lendemain du génocide de 1994.
Tout en se félicitant des progrès accomplis en matière de parité des sexes, ils ont néanmoins fait part de leurs préoccupations face aux conditions de détention dans les prisons rwandaises.Les experts, qui ont par ailleurs déploré la présentation d’un rapport trop théorique et pas assez factuel, sont chargés de surveiller l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Rwanda en 1975.
S’agissant des Gacaca, de nombreux experts ont estimé qu’ils n’étaient pas conformes aux principes d’égalité devant la loi et ont déploré, à l’instar de l’expert tunisien, le fait qu’ils donnent libre cours aux dénonciations calomnieuses et aux règlements de compte.« Si les tribunaux gacaca peuvent prononcer des peines lourdes allant jusqu’à 30 ans d’emprisonnement, un processus cohérent doit être mis en place et les deux parties doivent pouvoir être représentées par un avocat », a notamment estimé l’experte américaine.
Rwanda: Le Tribunal pénal international pour le Rwanda risque d’encourager une "justice des vainqueurs". Kenneth Roth
Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) devrait inculper au plus vite des officiers supérieurs du Front patriotique rwandais (FPR) soupçonnés d’avoir commis des crimes de guerre au Rwanda en 1994, a déclaré Human Rights Watch dans une lettre au Procureur général du TPIR rendue publique le 1er juin 2009. A ce jour, le Tribunal a jugé seulement des personnes de premier plan responsables du génocide rwandais de 1994 et n’a pas intenté de poursuites contre les officiers du FPR bien qu’ayant juridiction pour juger leurs crimes. Le chef du FPR , Paul Kagamé, est le président actuel du Rwanda.
« Le fait que le Tribunal n’ait à ce jour pas jugé les crimes de guerre commis par le Front patriotique rwandais risque de donner l’impression qu’il ne rend qu’une "justice des vainqueurs’», a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch.
« Réclamer la justice pour les victimes des crimes du FPR ne revient pas à nier le génocide ni à exprimer une équivalence entre ces crimes et le génocide », a expliqué Kenneth Roth. « C’est affirmer simplement que toute victime, quel que soit le pouvoir des coupables présumés, a droit à ce que justice soit faite. »
Les crimes commis par le Front patriotique rwandais ont été bien documentés, notamment par une Commission d’experts des Nations Unies en 1994 qui a conclu que ce groupe avait « perpétré de graves violations du droit international humanitaire » et des « crimes contre l’humanité ». Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, entre avril et août 1994, le FPR a tué de 25 000 à 45 000 civils.
AS
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