Massacres de hutus en RDC
La tuerie, perpétrée par des soldats fidèles au général mutin Laurent Nkunda, s’est déroulée les 16 et 17 janvier autour du village de Kalonge, à une centaine de km à l’ouest de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
A l’époque, une délégation du Congrès national pour la Défense du peuple (CNDP, mouvement de Nkunda) participait à Goma à des discussions qui ont abouti, le 23 janvier, à un cessez-le-feu entre l’armée gouvernementale, les forces de Nkunda et la milice Mai Mai.
"Il paraît pratiquement certain que ce sont des soldats du CNDP qui ont perpétré la tuerie", conclut dans un rapport confidentiel dont Reuters a pu prendre connaissance mercredi une mission d’enquête de l’Onu sur les droits de l’homme.
"Le massacre d’un tel nombre de civils est considéré comme un crime contre l’humanité (…) Et, étant donné que toutes les victimes identifiées jusqu’ici sont des Hutus, la qualification de génocide ne peut être exclue."
Nkunda n’a pu être contacté mais René Abandi, porte-parole du CNDP, a déclaré à Reuters qu’il n’était pas au courant de tels faits.
TRAQUES DANS LEUR CHAMP
Selon le rapport, des soldats du CNDP ont occupé pendant deux jours des positions à Kalonge et aux alentours, notamment sur une piste menant à plusieurs villages.
Ils arrêtaient les civils, les interrogeaient, et s’ils paraissaient venir de régions sous le contrôle de la milice Mai Mai, adversaire de Nkunda, ils les tuaient.
Presque toutes les victimes étaient des hommes mais un bébé d’un an, un adolescent de quatorze ans et une femme ont aussi été tués.
"Les victimes ont été tuées par balle, à la machette ou à coups de marteau sur la tête", dit le rapport.
"Le fait que les victimes aient été arrêtées, ligotées, battues, abattues à bout portant, pour certaines littéralement traquées dans leur champ, suggère que les meurtres étaient délibérés", poursuit-il.
Au cours de l’année qui a précédé l’accord de paix, quelque 450.000 habitants du Nord Kivu ont fui les affrontements entre l’armée gouvernementale, les hommes de Nkunda, les rebelles hutus rwandais et les Mai Mai.
Le conflit, qui plonge ses racines dans le génocide de quelque 800.000 Tutsis et Hutus modérés au Rwanda en 1994, s’est poursuivi en dépit de la fin officielle de la guerre au Congo de 1998-2003.
Version française Nicole Dupont
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.