PENDANT CE TEMPS, L’ENFUMAGE CONTINUE
A l’approche de l’anniversaire de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, comme chaque année une offensive médiatique s’est déployée à base de pseudo-révélations afin de continuer d’accuser la France et les militaires français de complicité de génocide et de dissimuler derrière un écran de fumée les responsabilités réelles du régime de Kigali.
Comme d’habitude, le quotidien « Libération » est à la pointe de la désinformation. Après l’échec de son livre, Maria Malagardis y lance, le 9 janvier 2013, un scoop à propos de la mort, au début du génocide, de deux gendarmes français de la coopération. Un certificat de décès serait un faux, ce qui désignerait, bien sûr, celle à qui le crime profite, la France…
Oui, mais dans « Marianne » du 6 février 2013, Alain Léauthier démonte avec méthode les conclusions orientées de Maria Malagardis.
Il récidive (« Marianne » du 20 au 26 avril 2013 : « Rwanda. Qui a assassiné les gendarmes français ? ») après avoir interviewé longuement l’ancien secrétaire général du ministère rwandais de la Défense, exilé depuis 2011 en Belgique, Jean-Pierre Micombero.
Celui-ci confirme que les gendarmes ont bien été assassinés sur ordre par le FPR. Il affirme connaître le nom de l’exécutant de même que ceux des auteurs (toujours membres du FPR) de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana.
Espérons que ce témoin capital sera entendu par le juge Trévidic.
De son côté, Bernard Lugan analyse dans une note pertinente les motifs et les méthodes de ces manipulations périodiques et annonce un dossier sur l’attentat dans le futur numéro de « L’Afrique Réelle » (mai 2013).
Génocide du Rwanda : un matraquage médiatique ne fait pas une vérité historique
Chaque année à l’approche du 6 avril, date anniversaire du début du génocide du Rwanda (6 avril 1994), les médias répètent les mêmes poncifs tout en se faisant, volontairement ou non, la caisse de résonance des thèses de Kigali. Nous aurons ainsi droit à des émissions de télévision annonçant des « révélations embarrassantes » pour la France, à une campagne de promotion à la limite de la complaisance pour un livre qui n’apporte rien de nouveau et à une avalanche de déclarations aussi creuses qu’orientées. Tout ceci n’est qu’enfumage.
Le fond du problème est que la thèse fondant la « légitimité » du régime de Kigali, à savoir celle du génocide « programmé » et « planifié » par les « extrémistes » hutu, a volé en éclats devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda). Ce tribunal créé par le Conseil de sécurité de l’ONU et siégeant à Arusha depuis 1995 a en effet, dans tous ses jugements concernant les « principaux responsables du génocide », que ce soit en première instance ou en appel, clairement établi qu’il n’y avait pas eu « entente » pour le commettre [1]. Si ce génocide n’était pas programmé c’est donc qu’il fut spontané et ce qui le provoqua fut l’assassinat du président Habyarimana.
Voilà pourquoi la question de savoir qui a ourdi cet attentat est primordiale. Or, il n’y a jamais eu d’enquête internationale menée sur ce crime qui coûta la vie à deux présidents en exercice légitimement élus, celui du Rwanda et celui du Burundi qui avaient pris place dans le même avion.
Par les énormes pressions qu’ils exercèrent sur le Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, alliés indéfectibles du régime de Kigali, réussirent à interdire au TPIR de mener cette enquête. Comme ce tribunal spécial vient de terminer ses travaux, les auteurs de ce crime ne seront donc ni identifiés, ni poursuivis [2].
Saisie par les familles de l’équipage français de l’avion, la justice française s’est risquée sur cette affaire. Au terme de son enquête, le juge Bruguière a accusé le général Kagamé et lancé neuf mandats d’arrêt contre des membres importants de son premier cercle. Après le départ à la retraite de ce magistrat, l’enquête fut reprise par le juge Trévidic qui ajouta de nouvelles pièces au dossier et qui devra, tôt ou tard, faire la balance entre les documents contradictoires le constituant.
En attendant, Kigali est à la manœuvre car c’est l’existence même du régime qui est en jeu. Tout est donc fait pour influencer médiatiquement la justice française, l’objectif visé étant la levée des mandats d’arrêt délivrés par le juge Bruguière avant le vingtième anniversaire du génocide et ce, afin que l’enquête soit définitivement enterrée, ce qui arrangerait la communauté internationale.
Le monde entier a en effet intérêt à ménager le régime de Kigali, lui qui détient la clé de la paix et de la guerre dans toute l’Afrique centrale, région productrice des minerais rares permettant à l’industrie de l’électronique de tourner. De plus, au moment où le Sahel s’embrase, personne ne veut voir un nouveau front s’ouvrir dans la région des Grands Lacs.
Le dossier de l’attentat du 6 avril 1994 cessera-t-il donc d’être l’affaire de la Justice seule pour devenir celle de la diplomatie [3] ? Dans notre « république irréprochable », rien n’est impossible en ce domaine…
Bernard Lugan
03/04/13
[1] A l’exception du jugement de Jean Kambanda, ancien Premier ministre condamné en 1998, après qu’il eut plaidé coupable contre la promesse d’une peine réduite, procédure qui de facto lui avait fait accepter l’acte d’accusation du procureur. Depuis, il est revenu sur cette reconnaissance.
[2] Depuis le 1er avril, le Rwanda assume pour un mois la présidence tournante du Conseil de sécurité.
[3] Le numéro 41(mai 2013) de l’Afrique réelle fera le point sur ce dossier.
La vérité sur les événements du Rwanda finira par éclater. La mise en cause incessante de la France et de son armée n’a pour origine que la volonté du régime de Kigali de détourner l’attention et de culpabiliser l’opinion française et internationale pour se dédouaner de ses crimes et de ses responsabilités.
France-Turquoise le 25 avril 2013
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