RWANDA un autre regard
Cet engagement s’est concrétisé sous différentes formes. D’abord dans le domain
e de l’enseignement et de la contribution à la formation des jeunes, dans la logique de la motivation première de Madeleine Raffin qui, un jour du mois d’août 1968, mit le cap sur le Rwanda pour enseigner les mathématiques dans un petit séminaire, dans le sud du pays. Elle le fera jusqu’en 1986, l’année où elle assuma les fonctions de responsable de la coordination des études dans un autre établissement d’enseignement secondaire, le Groupe scolaire de Kibeho, dans la préfecture de Gikongoro. Quand, en 1993, elle est nommée directrice de la Caritas (l’équivalent du Secours catholique) du diocèse de Gikongoro, son pays d’adoption est déjà en proie à la guerre déclenchée le 1er octobre 1990, à partir de l’Ouganda, par le Front patriotique rwandais (FPR). La suite est connue : cette guerre qui a culminé avec le génocide de 1994 en s’étendant sur l’ensemble du pays au début du mois d’avril portera le FPR au pouvoir en juillet de la même année.
Madeleine Raffin a fait le choix de rester avec les Rwandais, y compris pendant ces années de braises et surtout en 1994, l’année de tous les dangers où ils se retrouvèrent abandonnés par la communauté internationale à leur triste sort de peuple à la merci de va-t-en-guerre ivres de haine. Elle a donc partagé avec ses hôtes le meilleur comme le pire de leur destin collectif. Voilà qui donne du poids à son témoignage, à propos notamment de certains événements qui ont marqué cette année tragique où, écrit-elle, « j’aurais pu me faire tuer des dizaines de fois ».
Le 8 septembre, lors de la présentation de son livre, elle a notamment remis les pendules à l’heure à propos de l’opération Turquoise cible de critiques construites sur des allégations sans fondement ressassées au service d’une propagande hostile à la France. Madeleine Raffin a livré sa part de vérité. S’en tenant strictement au constat des faits et événements dont elle a été témoin, elle a souligné que les militaires engagés dans l’opération Turquoise ont agi dans le cadre strict du mandat défini par l’ONU : celui d’une mission militaire à caractère humanitaire. « L’opération Turquoise a été durement critiquée. Pourtant, insiste Madeleine Raffin, la seule chose qu’on puisse lui reprocher est d’avoir été enclenchée trop tard, et ce n’est pas la faute des militaires, ni de la France. Des pressions sur l’ONU avaient retardé le plus possible cette opération qui a sauvé tant de vies… Je peux dire, parce que je l’ai vécu, que les militaires français ont arrêté les tueries, qu’ils ont agi avec diligence et professionnalisme dans cet enfer qu’était le Rwanda de l’époque… À partir de leur arrivée, nous avons pu organiser réellement les secours alors que c’était impossible auparavant. Grâce à l’opération Turquoise, l’aide humanitaire pouvait arriver. »
De tels témoignages, le Rwanda et les vrais amis du Rwanda ont en besoin comme autant de contributions précieuses qui aident à rétablir la vérité. La vérité sans laquelle l’avenir que les Rwandais se doivent de bâtir sur de solides fondations restera lourdement hypothéqué. Le livre de Madeleine Raffin est à lire dans cet esprit et c’est dans cette optique que l’auteur l’a présenté à ses amis rwandais ainsi qu’aux amis du Rwanda (et de Gikongoro en particulier) qui ont été nombreux à répondre à son invitation, le 8 septembre, à Saint-Lieux-lès-Lavaur.
Rwanda : un autre regard, par Madeleine Raffin, Éditions Sources du Nil, 206 p., 1
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