Intérêts français selon Survie
France-Rwanda Les dessous d’un rapprochement
"À l’occasion du déplacement de Nicolas Sarkozy à Kigali le 25 février 2010, l’association Survie tient à décrypter ce qui constitue un profond revirement de la diplomatie française dans la région des Grands Lacs, et tient à alerter l’opinion sur le fait que ce revirement reste fort éloigné d’une véritable réforme de la politique de la France sur le continent."
Lundi 22 février 2010
"Par ce rapprochement avec le Rwanda, entamé il y a deux ans et consacré par cette visite, la diplomatie française vise trois objectifs :
– La réintégration de la France dans les nouveaux partenariats économiques et industriels de la région ;
– Le règlement définitif de l’accusation de complicité de génocide pesant sur elle et quelques-uns de ses hommes politiques et de ses militaires ;
– Enfin l’affirmation d’une « rupture » avec certains réseaux traditionnels de la Françafrique.
[…]
En effet, en 2009, malgré un volontarisme de façade de l’Elysée, les termes de la cooptation de la France sur des gouvernements profondément anti-démocratiques n’ont guère évolué (Cameroun, Congo-Brazzaville, Mauritanie, Madagascar, Gabon, Niger, etc.). Le rapprochement Paris-Kigali s’inscrit dans cette filiation, car il pèse sur Paul Kagamé de graves soupçons sur le rôle tenu par son pays dans les conflits du Kivu voisin depuis 1998, ainsi que sur les nombreuses entraves à la démocratie relevées sous son autorité au Rwanda.
Il apparaît donc que ce « dégel » entre les deux pays ne s’encombre d’aucune condition démocratique. En revanche, il vise une nouvelle fois à positionner la France et ses entreprises dans la compétition internationale qui se joue pour l’accès aux ressources naturelles de la région, au mépris de la justice pour les victimes du génocide et des autres crimes commis. De ce fait, Survie tient à prévenir des risques de la normalisation en cours, qui pourraient s’assimiler à une amnistie mutuelle pour des crimes imprescriptibles, hors de tout contrôle des peuples concernés et sans tenir compte de l’intérêt des populations de la sous-région."
Source Survie sur www.afrik.com