On le sait, le rapport Duclert, même s’il écarte la complicité de la France dans le génocide rwandais, se montre extrêmement sévère vis-à-vis de la politique française et incrimine en premier lieu les “erreurs” du président François Mitterrand.Dans un communiqué, l’Institut François Mitterrand réplique sans engager de polémique, mais en rétablissant les faits, ce qui constitue un excellent rappel pour ceux qui ont un peu oublié cette affaire compliquée.
Nous avons déjà signalé “La Traversée”, ce livre où PSE, deux fois condamné pour diffamation du fait de ses accusations infondées à propos du Rwanda, , récidive en jouant Tintin au Congo et persiste dans son délire en dépit des rapports accablants de l’ONU et des constats du docteur Mukwege, prix Nobel de la paix. Le professeur Reytjens en a fait une critique sévère. A leur tour, Marc Le Pape et Jean-Hervé Bradol rétablissent des vérités bien établies.Etre et avoir été pour l’ancien prix Albert Londres!
La parution du rapport Duclert n’est pas passée inaperçue. Mme Florence Parly, ministre des Armées, a donné son sentiment dans la lettre jointe adressée au général Lafourcade qui a rédigé de son côté le communiqué ci-dessous.
Certains ont probablement noté la parution du nouveau livre de Patrick de Saint-Exupéry, « La Traversée », qui se présente comme un carnet de voyage à travers la République Démocratique du Congo avec un objectif : mettre à bas la thèse du double génocide en RDC au moment où, sous l’impulsion du Prix Nobel de la Paix, le Dr Mukwege, on commence à reparler du Rapport Mapping et des massacres perpétrés par l’armée rwandaise et où le président de la République française s’apprête à se rendre à Kigali.
Cet ouvrage a reçu une couverture médiatique importante et ô combien bienveillante, ce qui n’est pas totalement une surprise. Si on peut reconnaître à ce livre des qualités littéraires, force est de constater que Patrick de Saint-Exupéry, comme à son habitude, est d’une partialité sans vergogne.
“Dans ses mémoires, le Général Dominique Delort témoigne de ce qu’il a vécu de 1990 à 1993 comme acteur de la politique de la France au Rwanda. Son témoignage est clair, précis, documenté et crédible. Il s’inscrit dans la politique de coopération africaine de la France face à une agression extérieure visant à rétablir la paix au Rwanda par un partage du pouvoir entre les belligérants avec les accords d’Arusha. Cet espoir s’est brisé un an plus tard avec l’attentat qui a déclenché le génocide.”
Nous avons signalé en son temps la parution française du remarquable ouvrage de Judi Rever: “Rwanda: l’éloge du sang”. Il n’a eu droit qu’à un silence assourdissant dans la presse française,fidèle à ses traditions de paresse, de parti pris ou d’intéressement. Enfin, Secours de France, dans une interview que lui a accordée l’écrivain canadien pour son bulletin de Pâques, permet de comprendre un peu les raisons de ce mutisme. France Turquoise apprécie et tient à souligner que depuis le début, Secours de France est à la pointe du combat pour défendre l’honneur des soldats français.
Le 14 février 2021, un article de Médiapart titrait: “Rwanda: un document prouve l’ordre de la France de laisser s’enfuir les génocidaires”. Ce document, un télégramme diplomatique provenant des archives de Bruno Delay, le conseiller Afrique du président Mitterrand, aurait été communiqué à l’AFP par François Graner de Survie.Il n’en fallait pas plus pour que la sphère médiatique, toujours avide de scandale, s’agite.Le 17 février, sur RFI, face à François Graner, le colonel Hogard dégonflait la bulle en apportant le témoignage de l’homme de terrain.Vous pourrez suivre cet entretien à partir du lien ci-dessous:
Hervé Cheuzeville n’est pas un inconnu pour France Turquoise. Issu de l’humanitaire, il a connu bien des crises en Afrique et ailleurs. Il est resté fortement marqué par ses années rwandaises et a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Dans un entretien passionnant avec Jean-Marie-Vianney Ndagijimana sur “La Tribune franco-rwandaise” il revient sur la période qui s’est écoulée depuis le génocide, période qu’il qualifie, sans langue de bois de “vingt-cinq années de mensonges”, titre qu’il a d’ailleurs donné au livre qu’il a écrit en 2018. On suivra cet excellent entretien à partir du lien ci-dessous
Il faut savoir que la préface de l’ouvrage d’Hervé Cheuzeville qui porte ce titre a été écrite par notre vice-président, le colonel Robardey. Nous la donnons ci-dessous. Elle constitue une bonne note de lecture… De quoi donner envie de lire le livre. La préface
Le colonel Cussac a été un témoin et un acteur essentiel du drame rwandais entre 1991 et 1994. Il était notre ami.
Notre vice-président, le colonel Robardey, a laissé parler son cœur sur son blog de Médiapart.
« Il a tout donné pour nous aider à sortir de l’enfer »
Bernard CUSSAC nous a quittés dans la nuit de la Saint-Sylvestre 2020, après ce qu’il est coutume d’appeler une longue maladie.
Attaché de Défense près l’Ambassade de France à Kigali de 1991 à 1994, il était mon chef. Il est devenu mon ami.
Je n’avais pas l’intention de me livrer à cette exercice rituel très convenu, dithyrambique à souhait, qu’on prononce en guise d’adieu et que peu écoutent en tentant de discerner, entre les défaillances du micro et celles de leurs vieilles oreilles, quelques bribes de la vie du défunt qu’ils connaissent mal.
Mais, j’ai révisé ma position à la réception du mail par lequel un ami rwandais a répondu à l’annonce du décès. Comme Bernard, cet ami avait vécu les trois années de l’irrésistible descente du Rwanda vers l’horreur. Il écrivait : « Merci de m’ informer de cette triste nouvelle et je te demande de bien vouloir présenter mes sincères condoléances à la famille du Colonel Cussac. Nous avons travaillé ensemble au Rwanda pendant les moments difficiles de mon pays. J’ai connu en lui un homme qui a tout donné pour nous aider à sortir de l’enfer, mais Dieu en a décidé autrement. Nous ne l’oublierons jamais. Que son âme repose en paix ( requiescat in pace). » »
Oui, Bernard CUSSAC a tout donné, et au-delà encore !
Il est arrivé à l’été 1991 dans ce pays en guerre depuis une année. Il ne connaissait pas le Rwanda et ses expériences africaines précédentes, au Tchad et au Sénégal, ne lui étaient d’aucune aide dans cette région des Grands Lacs si particulière. Mais il eut la sagesse, en suivant la ligne tracée par son prédécesseur, d’apprendre, d’écouter et surtout d’entendre.
Pendant les deux années (1991-93) passées à ses côtés, j’assistai à ses efforts constants pour éviter l’inévitable. Chacun des ordres donnés marquait la volonté de la France de ramener la paix sans s’impliquer dans le conflit rwando-rwandais : interdiction de dispenser quelque formation que ce soit ou quelque matériel que ce soit aux milices , souci constant de marquer notre réprobation à chaque dérapage, condamnation sans appel des massacres du Bugesera et du laxisme qui les avait accompagnés, etc. etc.
Bernard CUSSAC avait gagné la confiance des tutsi et hutu modérés formant, à partir du printemps 1992, le gouvernement rwandais de cohabitation. En 1993, certains d’entre eux, se sentant menacés, quittaient le pays subrepticement pour se mettre à l’abri. Le ministre de la Justice s’était déjà enfui lorsque, en fin d’après-midi, Bernard, revenant d’une audience chez le Ministre de la Défense, me dit : « Le ministre vient de me dire qu’il partait demain matin ». En disant cela à l’Attaché de défense français, le ministre savait qu’une indiscrétion pourrait lui être très préjudiciable. Mais il avait confiance. Un peu plus tard, le 31 juillet 93, lorsque le premier ministre sortant a souhaité lui aussi se mettre à l’abri, c’est à un officier français qu’il a demandé d’assurer sa sécurité jusqu’à l’aéroport puis jusqu’à l’avion. Lui aussi avait confiance. Aujourd’hui, les rwandais s’en souviennent.
Et encore, ceux qui rendent hommage à Bernard CUSSAC ne savent-ils pas combien il a insisté, méprisant le risque de se rendre importun à Paris, pour que la France n’abandonne pas le Rwanda en décembre 1993, comme l’avait enfin obtenu le FPR lors des accords d’Arusha.
Mais, même sans savoir cela, ils disent « Nous ne l’oublierons jamais. Que son âme repose en paix ( requiescat in pace). »
Nous nous sommes déjà fait l’écho du combat mené par le Dr Mukwege, le célèbre gynécologue congolais qui “répare les femmes” victimes des violences commises contre elles par les milices et les troupes rwandaises en République démocratique du Congo. Malgré les menaces de mort dont il fait l’objet, il ne désarme pas et vient d’accorder au journal suisse “Le Temps” une interview sans concession qu’on lira ci-dessous. Il y réclame une nouvelle fois la publication du rapport Mapping qui révèle dès 2010 l’ampleur des exactions commises et que l’ONU sous la pression du Rwanda et de ses “parrains” a enterré
On lira également avec profit, sur le même sujet, les trois articles joints parus en octobre dans “L’Humanité” sous la plume de Marc de Miramon, dont une autre interview du Dr Mukwege