Kagamé rejoint le club des infréquentables
L’affront est difficile à avaler pour Paul Kagamé. Yves Leterme aurait, officiellement, annulé leur entretien pour mieux organiser son emploi du temps. Le soufflet est d’autant plus humiliant que le même agenda a permis de maintenir, le jour même et le lendemain, les rendez-vous avec trois officiels étrangers. L’agence Belga met en avant cette incongruité : « M. Leterme rencontrera en revanche bien lundi (le même jour) ses homologues zimbabwéen Morgan Tsvangirai et palestinien Salam Fayyad, ainsi que le président tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete. Mardi soir, il s'entretiendra avec le chef de l'Etat béninois Thomas Boni Yayi. »
Cette mise au ban de Kagamé mérite d’être suivie avec une attention particulière, le régime de Kigali étant de plus en plis mis en cause. En 2010, le gouvernement rwandais a été critiqué pour l’organisation des élections présidentielles, des membres ou proches de celui-ci ont été menacés par des mandats d’arrêt internationaux et enfin, de nombreux manquements aux principes de base qui constituent une démocratie ont été observés. En octobre dernier, un rapport de l’ONU, le rapport Mapping, accusait directement le Rwanda d’avoir participé à des massacres de masse en Republique Démocratique du Congo. C’est sans aucun doute la somme de ces événements qui amène les responsables diplomatiques à se méfier du Général Kagamé. Il est certain qu’il ne fait plus bon être pris en photo lui serrant la main !Mis à part quelques observateurs engagés qui de façon plus ou moins honnête tentent de nier cette impopularité internationale, personne n’est dupe. Si cette tendance se confirme en 2011, il sera intéressant de regarder comment notre gouvernement accueillerait-t-il un chef de l’Etat que nos voisins ont clairement jugé infréquentable ?
C.F