UN NOUVEAU LIVRE DE JEAN-MARIE NDAGIJIMANA
Octobre 1993. Après une tournée diplomatique en Europe et en Amérique, le président rwandais Juvénal Habyarimana débarque dans la capitale française. Deux mois auparavant, il a signé avec la rébellion du Front Patriotique Rwandais (FPR), les accords de paix d’Arusha qui prévoient la mise en place d’un gouvernement de transition basé sur le partage du pouvoir devant mettre fin à trois années de guerre fratricide. Pour accompagner ce processus, le Conseil de Sécurité de l’ONU vient d’adopter la résolution 872 créant la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Les tractations vont bon train à Kigali, Paris, Bruxelles, New York, Washington, Ottawa, Moscou, Londres, Bonn, et dans toutes les grandes capitales du monde. Jamais le Rwanda naura été aussi présent dans les discours des diplomates onusiens. La France, alliée de Kigali depuis le début de la guerre en octobre 1990, constitue, on sen doute, une étape cruciale dans le périple présidentiel. Le Chef de lÉtat rwandais espère donc trouver auprès de François Mitterrand une oreille attentive et le soutien diplomatique nécessaire pour déjouer les dernières manuvres dilatoires du mouvement rebelle déjà aux portes de Kigali.
Jean-Marie Ndagijimana, alors ambassadeur du Rwanda à Paris, plonge le lecteur dans l’ambiance surréaliste de cette mission de la dernière chance, vécue par le président Habyarimana comme un terrible moment de solitude. Ses adieux à François Mitterrand furent en effet marqués par une succession de quiproquos, de non-dits, de surprises, d’espoirs déçus, d’abandons et de souffrances, six mois jour pour jour avant son assassinat et la descente aux enfers du peuple rwandais.
Prix : 20 ISBN : 978-2-916380-13-1 Éditions la Pagaie
UN NOUVEAU TÉMOIGNAGE SUR L’OPÉRATION TURQUOISE
Ce livre écrit par Alain et Armelle de Parcevaux, est une suite de récits vécus par ce ménage responsable d’une mission de l’Ordre de Malte au Rwanda entre juillet 1994 et janvier 1995.Partis pour une simple mission d’évaluation début juillet, ils ont été par la force des évènements à créer puis gérer dans l’urgence un premier camp de réfugiés de 5.000 personnes.
Le soutien des militaires français de l’opération Turquoise a été déterminante dans la réussite de cette mission.
PAR-DELÀ LE GÉNOCIDE
Cette année 2014 marque les 20 ans du funeste Génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda. Nouvelle occasion de commémorer tous les Rwandais morts dans l’injustice la plus totale. Occasion, précisément, de rappeler que plusieurs dizaines de milliers d’entre eux ont été les victimes de violences meurtrières commises en parallèle au Génocide entre 1990 et 2000. L’Armée patriotique rwandaise de l’actuel président Paul Kagame en fut la première responsable, assistée dans bien des cas par des civils Tutsi rescapés du Génocide ou fraîchement rapatriés. Avec deux décennies de recul, dix-sept témoins ou victimes de ces tueries décrites pour beaucoup comme systématiques et planifiées partagent leurs états d’âmes. En autant de récits précis, poignants, effrayants. Ils ont saisi la chance qui leur était offerte de raconter à la face du monde l’autre histoire récente du Rwanda, celle que les autorités voudraient pouvoir effacer. Il reste urgent, aujourd’hui, de dire toute la vérité pour entrevoir la réconciliation. Lire la suite
BERNARD LUGAN : « RWANDA. UN GÉNOCIDE EN QUESTIONS »
France-Turquoise connaît bien le professeur Bernard Lugan, africaniste reconnu (il est notamment expert auprès du Tribunal international pour le Rwanda et directeur de la revue par internet « L’Afrique Réelle »).
Il a déjà publié plusieurs ouvrages remarqués sur le Rwanda (« Histoire du Rwanda : de la préhistoire à nos jours » en 1997) et sur le génocide (« Rwanda : le génocide, l’Eglise et la démocratie » en 2001, « François Mitterrand, l’armée française et le Rwanda » en 2005, et « Rwanda – Contre-enquête sur le génocide » en 2007), tous caractérisés par leur rigueur et leur indépendance.
Aussi attendions-nous impatiemment son nouveau livre dont la sortie allait concorder avec le vingtième anniversaire du génocide, lequel suscite un regain de littérature pas toujours bien intentionnée à l’égard des soldats de l’opération Turquoise.
Nous n’avons pas été déçus.
Fort de sa qualité d’expert auprès du TPIR qui lui a donné accès à la totalité d’archives incontestables, le professeur Lugan dynamite un certain nombre d’idées que certains pensaient solidement établies en reformulant quelques questions… et en y répondant.
Et c’est ainsi qu’il démontre que le génocide n’était pas programmé, que « l’Akazu n’existait pas, qu’il est hautement invraisemblable de dire que le président Habyarimana fut assassiné par des extrémistes » hutu, ridicule de parler d’un coup d’Etat militaire dans la nuit du 6 au 7 avril 1994 et aberrant d’attribuer une quelconque responsabilité à la France dans ces tragiques évènements.
Tout ce qui constitue l’histoire officielle, écrite par les vainqueurs de la guerre civile rwandaise et relayée par les « blancs menteurs » pour justifier la prise du pouvoir, se trouve remis en cause et ce à partir des jugements rendus par le TPIR créé par le Conseil de sécurité de l’ONU pour juger les responsables du génocide.
Une lecture saine à recommander en ces jours où les contre-vérités ressurgissent de toutes parts.
Michel Fruchard
ROBIN PHILPOT ENFONCE LE CLOU
On se souvient du livre de Robin Philpot « Ça ne s’est pas passé comme ça à Kigali » paru en 2004 aux éditions Duboiris dont il a été rendu compte sur notre site. L’auteur, Québécois, y met en lumière nombre de mensonges qui ont entouré la relation du génocide Rwandais.
Il vient d’accorder à Jambo.news une interview qu’on regardera avec profit en cliquant sur le lien
De KIGALI à PARIS
« La Haine à nos trousses de Kigali à Paris » de Didier TAUZIN
On se souvient du livre du général Tauzin paru en 2011 aux éditions Jacob Duvernet : « Rwanda. Je te demande justice pour la France et ses soldats ! » Le chef de l’opération Chimère y clamait son indignation face aux calomnies et témoignait de l’exemplarité des militaires français engagés au Rwanda.
Cet ouvrage lui a attiré de nombreux témoignages de Rwandais qui ont vécu ce drame.
Il en a tiré un nouveau livre écrit à la première personne du singulier, récit du calvaire d’une famille rwandaise moyenne emportée par la tourmente. Certains ne vont pas tarder à crier au roman, donc à l’invention, donc à l’affabulation.
La France a-t-elle participé au génocide rwandais ?
par Jean-Marie Viannay Ndagijimana
Cette question (dont France-Turquoise connaît la réponse) continue de revenir régulièrement dans l’actualité médiatique plus de vingt ans après le début du drame rwandais.
Monsieur Ndagijimana la pose aussi, lui qui fut ambassadeur du Rwanda à Paris de 1990 à 1994, et dont on se rappelle un autre ouvrage paru en 2009, « Paul Kagame a sacrifié les Tutsi ». Mais c’est pour y répondre et y répondre clairement.
Il reprend l’un après l’autre les griefs et les accusations qui reviennent de manière récurrente dans les médias stipendiés et les livres complaisants. Partant de sa connaissance intime du dossier jusque dans ses parties les plus confidentielles, de documents officiels, de témoignages irréfutables et d’une analyse logique des mécanismes de la crise, il démonte ces insinuations et accusations calomnieuses dont il montre bien in fine qu’elles sont le fruit de l’agitprop de l’actuel régime rwandais qui assure sa survie par le mensonge et la fabrication de faux témoignages.
Non, la France n’a pas essayé de maintenir quoi qu’il en coûtât un régime autoritaire à la tête du Rwanda. Au contraire, elle l’a conduit au dialogue avec l’opposition et au multipartisme.
Non, Turquoise n’a pas eu pour objectif d’arrêter l’avancée du FPR et n’a pas servi à protéger les « génocidaires ». L’opération a sauvé des vies humaines.
Laissons la conclusion à Monsieur Ndagijimana :
« Ceux qui en France mettent en cause la mission Turquoise seraient mieux inspirés de se poser les quelques questions suivantes :
– Quel autre pays, quelle autre puissance, a fait autant ou mieux que la France au cours de la même période ? Les Etats-Unis, l’Allemagne ? La Belgique, ancienne puissance tutrice ? La Chine ? La Russie ? Non, aucun autre pays n’a levé le petit doigt pour sauver ne fût-ce qu’un Rwandais.
– Pourquoi la France a-t-elle été seule au Rwanda au contraire de certaines autres puissances aujourd’hui promptes à présenter des excuses publiques pour leur inaction coupable ?
– Et si la France avait eu la même attitude que la Belgique, que les USA, la GB, l’Allemagne, la Chine, la Russie ? Et si les Rwandais avaient été totalement abandonnés à eux-mêmes, que ne diraient pas aujourd’hui les experts de la dernière heure ?
Que seraient devenus les dizaines de milliers de Tutsi sauvés des griffes de miliciens Interhamwe si la mission Turquoise n’était pas intervenue ? La réponse est sans appel : ils auraient malheureusement connu le même sort que les centaines de milliers d’autres Tutsi tombés sous les machettes de génocidaires comme partout ailleurs dans le pays. »
Michel Fruchard
« GÉNOCIDE ET PROPAGANDE
« GÉNOCIDE ET PROPAGANDE
L’instrumentalisation politique des massacres »
d’Edward S. Herman et David Paterson
Voici un petit livre (170 pages dont 35 de notes) d’une grande densité et d’une rigueur implacable écrit par un universitaire et un journaliste américains.
Les auteurs se situent clairement dans le courant d’idées de Noam Chomsky, ce contempteur intransigeant de l’impérialisme américain qui a d’ailleurs rédigé l’avant-propos de l’ouvrage et dont Edward S. Herman est un proche collaborateur.
Le propos de l’ouvrage est de démonter la mécanique qui permet de justifier les interventions militaires occidentales (et surtout américaines) en utilisant à tort et à travers le vocabulaire qui touche la sensibilité populaire : « massacre », « bain de sang », « génocide », de manière à agir au nom de la « responsabilité de protéger » que nous, Français, baptisons plutôt « devoir d’ingérence ».
Les auteurs distinguent, avec Noam Chomsky, les « massacres constructifs » qui servent les intérêts des Etats-Unis, les « massacres bénins » imputables aux alliés ou clients des Etats-Unis, les « massacres néfastes » dont sont responsables des pays qui sont dans la ligne de mire des Etats-Unis, massacres qui peuvent être « mythiques » lorsqu’ils sont virtuels, voire fabriqués.
La méthode consiste à confronter la sémantique des médias à propos d’un certain nombre de conflits récents (Irak, Ex-Yougoslavie, Kosovo, Rwanda, République démocratique du Congo, Darfour…) et la réalité du terrain, schématiquement de comparer le nombre de fois où les médias ont utilisé le terme « génocide » et le nombre de morts prouvés ou estimés.
Cette arithmétique un peu macabre donne des résultats parlants. Ainsi les auteurs ont recensé :
– pour le Rwanda, 800 000 morts pour 3199 utilisations du terme « génocide », soit un ratio de 1/250,
– pour la République démocratique du Congo, 5 400 000 morts pour 17 utilisations du terme « génocide », soit un ratio de 1/317 647 !
Cette simple comparaison donne à réfléchir.
Il n’et pas dans notre propos de nous engager en faveur ou contre les thèses des auteurs, mais par sa rigueur méthodologique, cet ouvrage mérite d’être lu avec attention, ne serait-ce que pour la partie consacrée au Rwanda et à la République démocratique du Congo qui illustre très bien ce que sont un massacre néfaste (le génocide des Tutsis) et des massacres bénins (les massacres perpétrés par le FPR et la déstabilisation du Congo).
Les auteurs présentent un résumé parfaitement clair de cette crise qui dure depuis vingt ans et démontent à partir d’une multitude de documents le jeu des acteurs, rejoignant largement les thèses de Pierre Péan dans « Carnages ».
Qu’on nous permette une petite citation :
« Des mensonges grossiers sont à présent totalement institutionnalisés sur le Rwanda et font désormais partie intégrante de l’idée (fausse) que les Occidentaux se font de cette période. En réalité, Paul Kagamé compte parmi les plus grands exterminateurs de notre époque. Et cependant, grâce à l’extraordinaire assemblage de mythes qui l’entoure, il jouit d’une immense popularité auprès de son parrain à Washington et son image de boucher est devenue celle d’un sauveur vénéré qui mérite un solide soutien de l’Occident. »
On ne saurait mieux dire.
Michel FRUCHARD